Algérie ou l’octobre des libertés,
Dans le sillage des mouvements citoyens revendiquant la liberté, la justice sociale et un régime démocratique (1980/1986), Octobre 1988 sonne comme un des rendez-vous les plus importants et les plus marquants de l’histoire de l’Algérie indépendante.
En plein marasme social, au temps du tout unique (pensée, parti, organisations de masses, journaux et autre médias uniques), Octobre 88 arrive pour ébranler les certitudes du régime algérien représenté à l’époque par le président Chadli.
Des Algériens-es, en particulier des jeunes, sortent dans les rues d’Alger et ensuite de l’Algérie entière en ce 5 Octobre pour crier haut et fort leur volonté de changement, tant dans le domaine social que politique.
Le pouvoir, fidèle à ses habitudes et à sa nature, réagit violemment et choisit la répression, des plus féroces pour essayer de faire taire le mouvement populaire en cours. Pour la première fois depuis l’indépendance, l’armée nationale populaire tire sur le peuple, il en résulte des centaines de morts en quelques jours.
La torture est de mise, en ces sombres jours de répression et cela à grande échelle. Des centaines de personnes surtout des jeunes sont arrêtés, interrogés et soumis à la torture comme au « bon vieux temps des colonies ».
La solidarité nationale et internationale s’organise alors pour faire cesser cette pratique immonde par sa dénonciation mais aussi pour soutenir les revendications populaires pour le changement, une vie plus libre et plus digne.
Malgré la féroce répression. Malgré les manipulations du pouvoir et ses relais, il ne peut faire autrement que d’accepter d’ouvrir à minima le champ politique et médiatique de l’époque par la reconnaissance d’associations à caractère politique (descendantes de partis politiques en Algérie) et d’une presse privée se voulant à l’époque plus libre que la presse du régime. Ce fut le début d’une trop courte période appelée par un grand homme politique algérien, « récréation démocratique ». Période de trois ans qui a vu toute l’Algérie se lancer corps et âmes dans l’apprentissage de la pratique politique et de la démocratie, même si ce fut une démocratie imparfaite.
Aujourd’hui, après le nouvel immense mouvement populaire et citoyen du Hirak enclenché en Février 2019, l’Algérie revit une autre période d’espoir-s et de répressions-s.
Parce que notre avenir est fait de la connaissance de notre passé, récent et lointain.
Parce que nous ne voulons pas d’oubli ni perdre totalement nos acquis de 88 .
Parce que nous devons puiser de nos échecs pour construire nos victoires à venir.
Parce que nous voulons rendre hommages aux morts et martyrisés d’Octobre 88.
Parce que nous nous devons de continuer à revendiquer la libération des détenus-es politiques et d’opinions du HIrak qui croupissent dans les prisons algériennes.
Parce que notre volonté de changement de régime est toujours d’actualité et la démocratie notre objectif.
Parce que la voix des Algériens-es doit se faire entendre y compris à l’international.